Coller des étiquettes
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Coller des étiquettes est l'une des activités favorites de l'être humain, par excellence. Nous ne manquons pas de le faire à chaque fois que l'occasion se présente, tout le monde en est conscient et par conséquent nous devenons des personnages, nous passons notre vie à faire semblant, changeant d'attitude en fonction des situations. L'authenticité se perd entre temps dans les ténèbres de la peur, la peur de l'autre.
Enfant turbulent, père indigne, jeune fille facile, homme impuissant, petite fille mal élevée, jeune homme alcoolique, mère irresponsable, professeur incompétent, voisin menteur, riche, pauvre, complexé, têtue, heureux, malheureux, ... J'ai envie de dire stop. Derrière chaque comportement, il y a bien une raison que des fois n'est connue que par la personne concernée. Vous vous rendez compte du mal que nous pouvons faire en collant ces étiquettes ? Vous vous rendez compte de la souffrance que peut engendre cela ?
Je ne pense pas, parce que je trouve que nous ne prenons pas assez de recul par rapport à telle ou autre situation.
J'ai toujours entendu qu'il ne faut pas s'approcher d'une fille de joie, elle peut m'influencer, elle peut tâcher ma "réputation",...j'ai eu l'occasion dans ma vie d'en rencontrer une, aussi curieuse que je suis, je voulais comprendre...nul ne peut se douter de la souffrance qu'il y a derrière toute cette esthétique, toute cette finesse, ce sourire (qui pourtant était sincère) en rentrant chez moi j'ai pleuré les larmes de mon corps.
Quand j'habitais en France, j'avais comme voisins un couple qui s'entretuait pratiquement tous les soirs, il la jetait dehors à des 4h du matin, au début je sortais pour la consoler, elle était alcoolique, quand j'ai compris que je ne pouvais rien faire pour elle, je restais chez moi, combien de soir je n'ai pas pleuré avec elle en priant pour qu'elle puisse s'en sortir, son histoire de vie était des plus chaotiques.
J'ai travaillé dans ma vie avec un petit de 12 ans, son père disait qu'il était nul, têtu, fainéant, combien ma surprise était grande en découvrant que rien de cela n'est vrai. Le petit souffrait de la séparation de ses parents, et au lieu de le rassurer, de lui expliquer, le père ne faisait que lui crier dessus (croyant qu'il allait avoir le meilleur de lui).
Il y a quelques années, ma fille a été griffé par un camarade de classe, on a trouvé comme solution de lui dire: "il ne faut pas jouer avec lui parce que c'est un enfant turbulent" (alors qu'ils savaient très bien qu'il vivait une situation familiale difficile). Ça m'a déchiré le cœur en leur disant que ce n'est pas une solution, on ne va pas isoler un enfant à l'école.
Je peux vous en citer encore et encore des histoires mais je m'arrête là parce que je pense que le message est passé.
Je ne pense que vous aimez qu'on vous colle des étiquettes, alors pourquoi le faire pour les autres.
Une fois une amie me racontait l'adultère de son père, voyant que je ne réagissais pas, elle était en colère: "mais on dirait que rien ne t'affecte toi", je lui ai répondu" c'est vrai, je ne peux pas prendre ta partie juste parce que tu es mon amie. Je ne peux ni le juger ni juger ta mère, même si je comprends ta souffrance et même si je compatis, quoi que tu me racontes, ça reste ta version des faits, comme toi tu la conçois, mais tu ne sais pas ce qui se passe réellement entre eux."
Si l'envie vous prend de coller des étiquettes, achetez-en (des réelles) dans un magasin, écrivez dessus, "je ne juge personne", "chacun a sa vie", je ne sais pas ce qu'il a derrière ce comportement", "Même si je ne suis pas d'accord, je comprends", "Je ne suis pas parfait.e non plus", "Il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai de ton eau", "ça n'arrive pas qu'aux autres" et collez les dans des endroits où vous passez le plus souvent, ça vous aidera à vous rappeler que personne n'est épargné sur cette terre, et que nous ne sommes à l'abri de rien, alors soyons clément.e.s les un.e.s envers les autre.